Crédit immobilier : pourquoi la baisse des taux va continuer
Depuis plusieurs mois, les taux de crédit immobilier sont stables à des niveaux très bas et cela devrait perdurer. La raison ? Les taux d’emprunt d’État à 10 ans sont désormais négatifs : une première historique qui aura des répercussions positives sur les taux d’emprunt.
La chute du taux d’emprunt d’État = taux immobiliers en baisse !
Les taux de crédit ont atteint en mai un nouveau record historique. Mais c’est désormais au tour du taux d’emprunt d’État à 10 ans d’atteindre un niveau inédit en juin, en franchissant pour la 1ère fois la barre des 0 % pour atterrir en territoire négatif, à - 0,002 %. Le dernier record en date était de 0,10 % en juillet 2016, une année où les taux de crédit avaient également atteint des niveaux inédits. Ce nouveau record résulte de la politique accommodante pratiquée par la Banque Centrale Européenne (BCE) depuis plusieurs mois. En effet, les établissements bancaires disposent de liquidités qu’ils préfèrent actuellement prêter aux particuliers, même à des taux très bas, plutôt que de les placer à des taux négatifs auprès de la BCE, d’autant qu’en France, le taux de défaut sur les crédits immobiliers est le plus faible d’Europe (0,1 % de crédits impayés). La concurrence interbancaireétant particulièrement forte, les banques doivent rester compétitives pour continuer à produire des volumes de crédits immobiliers importants et peu risqués. Tout cela tire les taux d’emprunt vers le bas.
Les taux de crédit immobilier devraient rester bas dans les prochains mois
Les taux resteront bas tant que la BCE poursuivra sa politique. Dans le contexte actuel des taux d’emprunt d’Etat négatifs ou très faibles, les obligations perdent de leur attrait, tout comme d’autres placements comme les actions, plus volatiles avec des rendements moins attractifs actuellement. « Tant qu’il n’y aura pas de marchés offrant une meilleure rentabilité ou un meilleur couple rendement/risque que le crédit immobilier, la bataille du crédit se poursuivra, avec des baisses de taux à la clé, pour les meilleurs profils notamment, même si à ce jour le potentiel de baisses reste tout de même limité » prévient Jérôme Robin. Actuellement, la politique offensive menée par les banques profite surtout aux meilleurs profils. « Les écarts de taux entre les profils se creusent à nouveau… Les banques ciblent tous les clients haut-de-gamme, quitte à dégager une plus faible rentabilité au départ sur le crédit en raison des taux très faibles mais avec un risque proche de zéro et un remboursement plus rapide, donc des liquidités qui pourront à nouveau être placées dans 10 à 15 ans... » explique Sandrine Allonier porte-parole du courtier en crédit.
Crédit immobilier : le taux moyen atteint 1,45 % sur 20 ans
Début juin, plusieurs banques ont de nouveau baissé leurs taux, jusqu’à 0,20 % en ciblant parfois certaines durées, certaines professions (professions libérales et fonctionnaires) ou en fonction du niveau d’apport de l’emprunteur immobilier. Selon Vousfinancer, une banque a cependant remonté ses taux de crédit de 0,10 % sur les tranches de revenus les plus faibles (moins de 40 000 € pour un célibataire, moins de 50 000 € pour un couple). Les taux atteignent en moyenne 1,25 % sur 15 ans, 1,45 % sur 20 ans et 1,65 % sur 25 ans, avec des taux records négociés pour les meilleurs profils à 0,30 % sur 7 ans, 0,50 % sur 10 ans, 0,60 % sur 15 ans, 0,80 % sur 20 ans et 1,10 % sur 25 ans. « Les banques cherchent (...) à prêter à la même cible de clientèle, aux emprunteurs les plus rentables et les moins risqués. C’est cette concurrence qui conduit à de nouvelles baisses des taux sur les meilleurs profils (...) dans ce contexte, même avec peu de marges, le crédit immobilier est rentable pour les banques, mais la domiciliation des revenus est essentielle pour bénéficier des meilleures conditions », conclut Sandrine Allonier.
Source Se Loger Par Vincent Cuzon le 21 Juin 2019